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Taille-douce en Suède

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Emmenée par Slania, l’école suédoise de gravure a su mettre la taille-douce au service de tous les thèmes traités par l’Art philatélique

Personne ne dira le contraire : pour s’adapter au format miniaturisé que le Timbre impose aux artistes qui osent s’attaquer à cette contrainte majeure de son art, un dessin précis au trait dépouillé mais pourtant mettant en valeur le modelé est indispensable.

D’où la véritable passion que vouent tant de collectionneurs à la taille-douce qui, à les entendre, est seule capable de se plier avec succès aux impératifs de l’art philatélique. Ce qui est certes vrai dans bien des cas mais ne saurait justifier la manie de certains pays de mettre cette technique à toutes les sauces, même lorsque le sujet ne s’y prête guère.

Seul un pays a su adapter la taille-douce aux défis les plus fous et prouver, grâce à une école de gravure hors pair emmenée par le polonais d’origine Czeslaw Slania, que, du Sport aux Tableaux en passant par les Papillons et, bien sûr, les Personnages, tous les sujets pouvaient s’interpréter en taille-douce à deux conditions cependant :

– que le graveur possède non seulement une extraordinaire habileté manuelle mais aussi un sens artistique aigu

– qu’il sache s’aider parfois de l’apport coloré de la technique offset pour rendre moins sévères les timbres gravés.

Or, bien souvent au cours de ces vingt dernières années, ces deux conditions ont été réunies en Suède au point de donner naissance à une collection de miniatures à nulle autre pareille.

En route pour le survol d’un patrimoine philatélico-artistique dont la qualité laisse parfois pantois.

Le charme désuet de la mono

fenininPortraits, scènes de la vie de tous les jours, monuments, paysages, détails architecturaux, main de vieillard, tous les sujets se prêtent à la gravure monochrome livrée à ses seuls moyens, à peine rehaussée parfois par un papier légèrement teinté.

A admirer d’abord de loin puis à la loupe pour s’extasier sur l’incomparable maîtrise du geste de ceux – Slania mais aussi quelques autres – qui, armés d’un burin, savent faire naître des chefs-d’œuvre.

Le football au féminin

footAu premier regard, qui affirmerait spontanément que ce triptyque est gravé et surtout que ces footballeurs sont… des femmes ! En y regardant à deux fois, les traits de burin apparaissent pour donner de la vigueur tandis que les couleurs de l’offset rendent l’ensemble réaliste. Quant au charme et au sex-appeal, aucune technique n’est parvenue à le rendre évident !

Par contre la taille-douce, réputée pourtant mieux convenir aux sujets statiques, a fort bien su rendre le mouvement de ce lanceur de javelot et de ce sauteur en hauteur. Quant au tennisman Bjorn Borg et au skieur Ingmar Stenmark, gloires nationales, on n’a pas attendu qu’ils décèdent pour leur offrir « leurs » timbres gravés.

Pourquoi avoir choisi ce hockeyeur, somme toute assez quelconque ? Pour montrer l’œuvre de jeunesse (il date de 1963) du grand Slania, qui a fait cent fois mieux depuis.

Pour concurrencer la photo, taille-douce et offset font équipe…

Photo01Ce n’est pas la première fois que la taille-douce a fait le pari d’essayer de damer le pion à la photo et à l’offset pour faire entrer les tableaux des grands maîtres dans les étroites limites du timbre. En France, avec plus ou moins de succès, à Monaco (mais là c’était encore Slania qui menait le bal), en Tchécoslovaquie, de bons résultats ont été obtenus. Faut-il s’en féliciter? Ce serait aux peintres eux-mêmes de répondre. La gravure a-t-elle dénaturé leur œuvre ? Lui a-t-elle au contraire apporté quelque chose ? A vous de juger au travers de ces timbres nés du mariage entre taille-douce et offset. Un conseil : cherchez – et trouvez – la bonne distance pour les regarder. Assez près pour saisir les détails, mais pas trop afin de ne pas distinguer les coups de burin. Puis, votre œil satisfait et votre opinion faite, ne vous privez pas d’admirer loupe en main le travail du graveur en vous souvenant qu’il a gravé son œuvre en format réel directement sur un bloc d’acier !

Photo02

Le burin au service du poil, de la plume et même des papillons !

Burin01On jurerait au premier abord que ces papillons, ces oiseaux ou ce chien ont été photographiés puis, bien vite, le doute s’empare de vous : ces blancs purs, cette étonnante netteté des cernes, ce relief apportent un quelque chose que la simple photo ne parvient pas toujours à restituer. Une fois encore la loupe va apporter la solution : tout ce bestiaire a été traité (à la suédoise), c’est-à-dire en taille-douce assaisonnée à la sauce offset pour rendre aux poils et au plumage leurs couleurs de nature.

Burin02Un coup d’œil à la marge inférieure pour vérifier les signatures : Slania bien sûr mais aussi Marck et Nazarkowski, le trio maître de la gravure suédoise.

La taille-douce : aucun sujet ne la rebute !

Tqille01

Les puristes préfèreront sans doute l’interprétation monochrome en taille-douce de ce « Couronnement du roi Gustav III » faisant partie du bloc-carnet émis en 1991 pour les soixante-dix ans de Slania.

Tqille02Tqille03Mais personne ne niera l’incomparable qualité de ces quelques timbres choisis parmi les dernières créations de l’art philatélique scandinave où la taille-douce, avec la complicité de l’offset, démontre qu’elles aussi bien aux porcelaines et aux voiliers d’ hier qu’aux hélicoptères, aux chasse-neige et même aux satellites d’aujourd’hui.

Tqille04Paru dans Timbroscopie n° 121 – Février 1995

 


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